Gustave Fayet et l'oeil souverain
Artiste collectionneur 1865-1925
    Préface de Dario Gamboni     Textes de Stéphane Guibourgé,
    Alexandre d’Andoque, Magali Rougeot
    Chronologie détaillée de Guillaume d’Abbadie

 

Si le nom de Gustave Fayet demeure un gage de qualité pour les connaisseurs, il est à ce jour méconnu du grand public. Cependant, entre 1905 et 1925, artistes, critiques et collectionneurs venaient admirer au 51, rue de Bellechasse, à Paris, et au château d’Igny, dans la vallée de la Bièvre, les Gauguin, Van Gogh, Redon, Cézanne, Bonnard et autres Matisse de l’une des plus importantes collections d’art moderne de l’époque.

Né à Béziers en 1865, il fut initié à l’art par son père Gabriel et son oncle Léon, eux-mêmes collectionneurs et peintres – ainsi que par un condisciple, Maurice Fabre. Préférant l’acquisition à la possession, « œil absolu » autant qu’excellent spéculateur, Fayet n’hésite pas à se défaire d’œuvres. Visionnaire et commerçant, s’il achète beaucoup, il revend aussi, des Gauguin, des Matisse, entre autres. À son ami George-Daniel de Monfreid qui lui en fait reproche, Fayet répond : « C’était impossible de dire non, songez, ma collection ne m’aura rien coûté… »

En 1908, Fayet fait l’acquisition de l’abbaye cistercienne de Fontfroide et en entreprend avec son épouse, Madeleine, la restauration. Il en fait réaliser les vitraux par le maître verrier Richard Burgsthal et décorer la bibliothèque par Odilon Redon qui y réalise son chef d’œuvre, Le Jour et La Nuit. Ses demeures seront autant de musées consacrés aux artistes et à la musique. De Matisse aux Stein en passant par Picasso, la société éclairée de l’époque s’y donne rendez-vous.

Artiste prolifique, Fayet use avec une égale virtuosité des différents médiums qui l’inspirent, l’huile, le pastel, le dessin, l’aquarelle, le buvard, stimulé par Redon, son « maître vénéré ». Il n’en conserve pas moins une inspiration originale et personnelle : « J’ai fait un art selon moi seul. […] Je l’ai fait avec les yeux ouverts sur les merveilles du monde visible et, quoi qu’on ait pu dire, avec le souci constant d’obéir aux lois du naturel de la vie. » Cette vision, si proche de celle de François d’Assise, conduira l’œuvre de Fayet, vers un univers floral et aquatique, approchant l’abstraction, qui trouva son épanouissement dans ses tapis révélés en mars 1926 dans la rétrospective de son œuvre peint et décoratif qui lui sera consacrée au Pavillon de Marsan. Louis Vauxcelles lui rendra alors le plus bel hommage : « Sauf Redon en ses pastels, je ne vois guère que Fayet en ses tapis, qui ait inventé d’aussi beaux paysages cérébraux ».













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