Bronzino
Maurice Brock

 

Agnolo Bronzino (1503-1572), élève de Pontormo, est, avec Francesco Salviati et Giorgio Vasari, l’un des trois grands représentants de la Bella Maniera florentine. On rêve d'une grande exposition Bronzino : autour des œuvres appartenant au musée des Offices ou aux églises de Florence, elle réunirait les œuvres dispersées aux quatre coins du monde. À défaut d’une telle exposition, le présent ouvrage se propose de dresser l’état actuel des connaissances sur le peintre. La dernière monographie qui lui a été consacrée remonte à plus de vingt ans.
Maurice Brock évite ici les défauts des monographies se présentant comme des catalogues raisonnés, s’attardant sur les questions d’attribution et se cantonnant à la chronologie. Il se concentre sur les portraits, dont la connaissance a beaucoup progressé ces dernières années, et sur la peinture religieuse.
Bronzino est certes un peintre de cour au service des Médicis ou encore de Cosme Ier ou d’Éléonore de Tolède, mais il est aussi, ce que l’on sait moins, poète, lyrique aussi bien que burlesque. « La peinture est une poésie muette, la poésie est une peinture parlante », dit Horace. Les œuvres poétique et picturale de Bronzino se font référence comme elles sont l'écho plus large des grands modèles que constituent, entre autres, Pétrarque et Michel-Ange pour le patrimoine florentin. C’est l’une des spécificités de Bronzino : l’exercice de l’art de la référence qui, par-delà le destinataire effectif, en appelle à un spectateur idéal, capable de décrypter ces indices masqués.
L’étude de l’art de la référence amène à considérer avec attention une composante essentielle de la forma mentis du XVIe siècle : le parallèle entre les diverses formes d’art. À l’ut pictura poesis se combine le paragone entre la peinture et la sculpture : alors même que la peinture de Bronzino est comme aspirée par la sculpture, il en réaffirme la spécificité, notamment par l’extraordinaire minutie de la facture et par le raffinement foncièrement irréaliste des couleurs. Enfin, l’étude de l’art de la référence amène à accorder la plus vive attention à la maniera entendue au sens d’un écart par rapport à ce que serait une imitation fidèle de la nature : pour Bronzino, l’art consiste prioritairement à imiter l’art.

L’auteur
Maurice Brock est ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres classiques et docteur d’État en histoire de l’art. Actuellement professeur d’histoire de l’art moderne au Centre d’études supérieures de la Renaissance de l’université de Tours, il est l’auteur de nombreux articles sur la peinture italienne des XVe et XVIe siècles.

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